Manière de voir 95 OCTOBRE - NOVEMBRE 2007
LES DROITES AU POUVOIR
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Numéro coordonné par Serge Halimi
* L'ère des restaurations.
Serge Halimi
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I. SECONDE JEUNESSE DE LA VIEILLE DROITE
Pendant les trois décennies qui ont suivi la seconde
guerre mondiale, la vieille droite autoritaire a dû
ronger son frein. La disqualification des pratiques
répressives découlait de l'effondrement sanglant des
régimes fascistes ; de son côté, le libéralisme
économique paraissait avoir été blessé à mort par la
grande crise des années 1930. Assurés qu'il fallait,
hélas, que tout change pour que tout reste pareil, les
conservateurs s'accommodèrent alors du pouvoir des
syndicats, des politiques keynésiennes de régulation,
d'un secteur public en expansion, d'une religion
cantonnée aux affaires spirituelles et aux seules
consciences qu'elle maintenait encore sous son emprise.
Ils pestaient contre la tyrannie de la majorité et
contre les progrès du communisme dans le monde, mais
avec le sentiment un peu élégiaque de conduire un
combat d'arrière-garde.
Pourtant, le vieux feu couvait sous la cendre.
L'apparente hégémonie idéologique de la gauche, la
résignation des milieux d'affaires à une économie mixte
n'étaient que provisoires. La vieille droite n'avait
pas désarmé ; elle continuait, discrètement, à mener la
bataille des idées. Se présentant comme opposée à un
« politiquement correct » progressiste, elle
interrogeait, soupçonneuse : la démocratie n'a-t-elle
pas été trop loin ? La moralité traditionnelle
peut-elle impunément être remise en cause au risque de
voir le chaos s'installer dans les usines, dans les
familles,dans les rues ? Le clergé, la police et
l'armée ne constituent-ils pas d'utiles piliers de
l'ordre social ? Rien de très neuf en apparence.
Mais quand l'euphorie des « trente glorieuses »
commença à se dissiper, quand le chômage s'installa, on
se mit à prêter davantage d'attention aux propositions
d'antan, que les années de prospérité et de progrès
avaient disqualifiées. Parfois, comme au Chili, le
retour de bâton fut particulièrement brutal. La roue
avait tourné. Peu à peu, la droite en revint alors aux
principes qu'elle tenait sous le boisseau en attendant
des jours meilleurs. « Je suis un keynésien », avait
lancé le président républicain Richard Nixon en 1971.
Justement, c'était fini ; le consensus d'après-guerre
allait basculer avant que la décennie ne s'achève. Dix
ans plus tard, Ronald Reagan entrait à la Maison
Blanche. Ce vieux conservateur y personnifia la
jouvence de la nouvelle droite, mélange singulier de
morale religieuse puritaine et de capitalisme ivre de
débauches.
* De la révolution nationale à l'enthousiasme industriel.
Gilbert Comte
* Hantise du loup-garou communiste.
Claude Bourdet
* Quand la démocratie menaçait le capitalisme.
Claude Julien
* Les cléricaux au secours des libéraux.
Marie-France Toinet
* Dieu, la nation et l'armée, une sainte trinité.
Philip S. Golub
* Fiasco pour la gauche post-nationale américaine.
Todd Gitlin
* « Je ne me considère pas comme un néoconservateur.
J'ai toujours été conservateur. »
Samuel Huntington
* Maurras en Amérique latine.
Miguel Rojas-Mix
* Pologne parano.
Ignacio Ramonet
* Ces chômeurs, ces étrangers qui se prélassent...
Philippe Videlier
* Le discours orchestré contre l'égalité.
Christian de Brie
II. TECHNIQUES DE LA « RÉFORME »
Cherchant, en juillet 2007, à justifier l'idée d'un
financement de la protection sociale par des impôts sur
la consommation, lesquels pénalisent
proportionnellement davantage les revenus modestes, un
conseiller du président Nicolas Sarkozy a expliqué :
« Chacun doit avoir l'honnêteté de reconnaître que, si
l'on taxe le capital ou le travail, ils s'en vont, et
que la taxation de la consommation peut être une partie
de la solution pour faire face au dumping fiscal et
social de certains pays. »
Il était difficile de décrire le corridor des
« réformes » libérales de façon plus pédagogique. Des
décisions politiques, nationales ou internationales
(européennes par exemple), ont favorisé la mobilité du
capital ; ensuite, au nom des effets prévisibles — et
prévus — de cette « libération », les gouvernements se
sont trouvés « contraints » de hâter le pas sur la même
voie, de remettre en cause chacun des piliers de l'Etat
social, dont la fiscalité progressive. Un « effet de
cliquet » interdit tout retour en arrière.
Un tel voyage sans retour exige souvent pour condition
préalable que les éventuels foyers de résistance aux
« réformes », les syndicats par exemple, soient affaiblis
ou défaits lors de grandes batailles. Comme celle qui,
en 1984-1985, opposa Mme Margaret Thatcher aux mineurs
britanniques.
La nouvelle droite se voulant révolutionnaire, chacune
des résistances à ses politiques se voit assimilée à ce
que Milton Friedman qualifiait de « tyrannie du statu
quo. » Pour s'en dégager, il faut tout chambouler au
plus vite, tirer le meilleur parti de la victoire et du
désarroi de l'adversaire. Un des architectes de la
révolution libérale néo-zélandaise conseilla à ses
amis : « N'essayez pas d'avancer pas à pas. Définissez
clairement vos objectifs et rapprochez-vous-en par
grands bonds qualitatifs. Une fois le programme de
réformes mis en œuvre, ne vous arrêtez qu'après l'avoir
mené à terme : le feu de vos adversaires est moins
précis quand il doit viser une cible qui ne cesse de
bouger. » Restriction du droit de grève, autonomie des
universités, baisse des impêts directs, remise en cause
des contrats de travail, durcissement pénal : les
débuts de la présidence Sarkozy s'inspirent-ils de ces
« grands bonds qualitatifs » ?
* Les vieilles idées des « nouveaux » économistes.
Denis Clerc
* Et le patronat a créé la flexibilité...
Danièle Linhart
* La longue grève des mineurs anglais.
Maurice Lemoine
* De l'art d'ignorer les pauvres.
John Kenneth Galbraith
* Pris dans l'étau des privatisations. (S. H.)
* La Poste saisie par le commerce.
Gilles Balbastre
* L'impôt vu de droite.
C. de B.
* L'envers du miracle économique américain.
Thomas Frank et David Mulcahey
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« PROPAGANDE IMPÉRIALE
& GUERRE FINANCIÈRE
CONTRE LE TERRORISME »
Un livre d'Ibrahim Warde
Ce livre ne montre pas seulement la
manière dont, pour occulter toute relation
entre terrorisme et politique étrangère,
l'administration américaine s'est prise à sa
propre propagande, il dévoile les
contradictions entre la libéralisation prônée
à marche forcée dans les années 1990 et le
contrôle financier tentaculaire que les
Etats-Unis désormais mettent en place, non
sans résistance, presque partout dans le
monde. Quand l'« ignorance informée » est
devenue la norme de l'expertise, la finance
est bien la poursuite de la guerre par
d'autres moyens. Mais une guerre contre qui ?
Une co-édition Agone / Le Monde diplomatique
http://www.monde-diplomatique.fr/livre/warde/
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III. LA CULTURE À LA RESCOUSSE
« Réussir », « Tais-toi et achète », « Le classement
des hôpitaux, des écoles », « Ambition », « En avoir
pour son argent », « Combien ça coûte ? » : il n'est
pas difficile de rattacher la transformation
individualiste de la société, l'« univers impitoyable »
du chacun pour soi, et l'orientation dominante des
grands médias. La concentration des moyens de
communication entre les mains de quelques grands
groupes a « spontanément » accompagné et raffermi la
privatisation des moyens de production ; la connivence
entre les propriétaires des multinationales de
l'information ou du divertissement et les responsables
politiques a rendu plus avenant le chemin de croix des
« réformes ».
Modifier les comportements pour ne privilégier d'autres
collectifs que ceux des spectateurs et des
consommateurs, d'autre sentiment généreux que celui de
la compassion ou de la charité constitua un travail de
longue haleine. La percée de M.Silvio Berlusconi en
Italie ne s'imagine pas sans cette fabrication d'une
communauté joviale et dépolitisée. Ne peut-on pas en
dire autant de la victoire de M. Nicolas Sarkozy en
France (à qui l'appui des grands médias privés ne fit
jamais défaut) ou de la réélection de M. George W.Bush
aux Etats-Unis, qu'appuyèrent les chaînes et les
journaux de M. Rupert Murdoch ?
D'autres facteurs ont joué, assurément, mais qui dira
l'impact politique à long terme de ces programmes qui
effacèrent les collectifs ouvriers pour leur substituer
tantôt des « entrepreneurs » dynamiques, tantôt des
« exclus » pathétiques interdits d'avenir et d'histoire,
pressés de dévoiler leur intimité ? Le tout dans un
tohu-bohu d'animateurs-producteurs cyniques et
méprisants, de sportifs exilés (fiscalement) en Suisse
ou en Belgique, de journalistes, d'intellectuels
narcissiques issus de la gauche et qui, apparemment,
avaient avec elle et ses idéaux un compte à régler.
A moins que ces derniers aient tout simplement, eux
aussi, apprécié avec justesse le nouvel état du marché,
la fusion consommée entre émission littéraire et
entreprise de téléachat, programme culturel et
promotion d'un mécène. Mais la culture pouvait-elle
demeurer épargnée par les secousses telluriques qui
bousculaient — et qui bousculent — la société dans son
ensemble ? Elles ne délaissent jamais longtemps ses
représentations ni son imaginaire.
* Des médias et du retour aux normes.
Pierre Dommergues
* Italie, la traversée du « Cavaliere ».
Pierre Musso et Guy Pineau
* La télé parle enfin de moi !
Ignacio Ramonet
* Sacrées séries de l'ère Reagan. (S. H.)
* Le monde du travail interdit d'écran.
G. B. et Joëlle Stechel
* « Vive la crise ! », leçon de soumission.
Pierre Rimbert
* Chercheur-militant, puis expert mercenaire.
Jean-Pierre Garnier
* La dernière frontière du libéralisme.
Frédéric Lordon
Biographies
* Adolphe Thiers. L'antisocialiste sanglant (O. P.)
* Antoine Pinay. L'ami des rentiers (O. P.)
* Barry Goldwater. Le « perdant » victorieux (S. H.)
* Sir Keith Joseph. L'intellectuel du thatchérisme
(Keith Dixon)
* William Buckley. Un maccarthyste érudit (S. H.)
* José Maria Aznar. Autoritaire et proaméricain
(Manuel S. Jardi)
Des fictions très politiques
Jonathan Coe, « Testament à l'anglaise ».
En un royaume avili (Jacques Decornoy)
Costa-Gavras, « Le Couperet ».
Un conte amoral (I. R.)
Le renouveau du cinéma britannique.
Des regards acides et tendres (Gareth McFeely)
Laurent Cantet, « Ressources humaines ».
Deux générations (S. H.)
Tom Wolfe, « Le Bûcher des vanités ».
Dans le ventre de New York (Bernard Cassen)
René-Victor Pilhes, « La Médiatrice ».
Chronique d'une époque horrifique (Alain Gresh)
Documentation
Olivier Pironet
* Chronologies
* Les années Reagan
* Les années Thatcher
* Les années Berlusconi
* Essais
* Sur la Toile
Iconographie
Sauf mention contraire, toutes les photographies de
ce numéro sont de Martin Parr, de l'agence Magnum.
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